lundi 30 mars 2015

Villa O' Higgins à El Chalten.

du dimanche 8 au mardi 10 février.

Etapes : Laguna Redonda ; Camping entre Sud du Lago Desierto et El Chalten ; El Chalten.

6O kilomètres dont 22 quasiment à pied en poussant le vélo.
3 heures bateau pour traverser Lago O' Higgins.
1 heure bateau pour traverser Lago Desierto du nord au sud.


Un passage de frontière épique.

Ce parcours est présenté comme épouvantable par les cyclistes qui l'ont effectué. Pierre Guillez qui me l'a décrit, il y a déjà quelques mois, s'en souvient en détail.
Au camping un cyclo français qui venait de faire ce parcours dans le sens sud-nord me dit "qu'il en a chié".
Depuis que je prépare ce voyage j'y pense régulièrement. Maintenant je suis devant l'obstacle, il faut y aller, il n'y a pas d'autres voies pour aller vers le sud.

Il a plu presque toute la nuit et au matin il vente au camping El Mosco, Villa O' Higgins.
Heureusement la pluie cesse à 8 h 30. Le vent, ici qu'il faut remercier, sèche la tente avant 11 h.
Le vélo est gerbé à 11 h 30.
Après avoir déjeuné je vais pouvoir me rendre à Puerto Bahamondez retrouver le fameux bateau attendu depuis jeudi pour traverser le Lago O' Higgins.
Après 8 kilomètres de ripio en longeant le rio Mayer me voici au bord du lac.

Rio Mayer

Rio Mayer


A Puerto Bahamondez fin de la Carratera Australe.
J'ai le choix entre nage ou bateau pour poursuivre!

Dés 13 h. les inscrits pour le bateau de 14 h. rappliquent.

Le bateau de pêcheur de Lorenzo reconverti en passeur de piétons et cyclistes arrivent à 14 h 30.
I l était parti ce matin à 7 h. pour une première traversée avec ceux qui auraient dû traverser le samedi après midi.

Sur le Lago O' Higgins.

Lago O' Higgins : rive gauche c'est l'Argentine ; rive droite c'est le Chili.

Avec le vent et les embruns je resterai souvent en cabine.

Je viens de débarquer au sud du lac.

Poste frontière chilien.
Dernier regard sur la Lago O' Higgins et aperçu d'un tronçon de sentier caillouteux que je gravis essentiellement en poussant le vélo. Débarqué à 18 h. j'ai fait le choix d'avancer. Ce fût une journée d'attente avec seulement 8 km à vélo. Les journées sont longues et je souhaite arriver sur le plateau avant la nuit. Ainsi je coupe en deux l'effort à fournir pour effectuer ce fameux trajet.


Il est 21 h. et j'ai dû parcourir environ 13 km. Le sentier se scinde en deux, formant une fourche! Toutes les informations recueillies indiquaient il n'y avait qu'un seul sentier. Aucune des quatre cartes en ma possession ne mentionnent le sentier que je dois parcourir, question d'échelle, maintenant qu'il y en  a deux les choses se compliquent. Le ciel s'assombrit. A coté la berge avenante d'une petite rivière  pour installer mon bivouac m'incite à m'installer. La nuit porte conseil et demain matin je déciderai si je prends à droite ou à gauche. Je dois me trouver au lieu dit "Laguna Redonda" à proximité d'une aire d'atterrissage précaire,il n'y a aucun bâtiment, juste des balises et marques au sol sur 500 mètres environ, manière pour l'Etat chilien de marquer sa présence sur ce territoire guère accessible! Dans aucune de mes lectures ou échanges avec d'autres cyclistes cet aménagement ne m'avait été précisé.
Vous le trouvez comment ce bivouac?


Après une toilette au torrent, une dernière photo, je cuisine mes pâtes sous la tente en raison du vent et je m'endors royalement satisfait de ma journée après avoir lu quelques poèmes. J'ai parcouru la moité du passage difficile.


Au petit matin je prends mon temps le bateau est à 18 H. Il me reste une douzaine de kilomètres jusqu'au Lago Desierto. Je déjeune sous la tente car il fait frais et il y a du vent. Avant de démonter la tente je pars en reconnaissance à pied en reconnaissance pour savoir si je prends à droite ou à gauche. J'explore à gauche convaincu que c'est la bonne direction. Mais aucune trace de pneus de vélo. Après vingt minutes je rebrousse chemin et regarde quand même le départ sur la droite. Rien de significatif non plus, mais ça grimpe un peu et il me semble que ce sentier s'oriente plus vers une hacienda car il y a des vaches et des chevaux dans l'environnement. Donc il doit y avoir une exploitation pour cet élevage?



Le vélo est prêt, c'est décidé je pars à gauche. Je parcoure  environ deux kilomètres et surprise en contre bas du sentier je découvre Paul en train de démonter sa tente. Hier en descendant du bateau il était parti rapidement. Il me dit avoir pris avec un couple d'anglais le sentier de droite et être arrivé à une ferme. Je l'attends deux km plus loin à la signalétique frontière..




Me voici dans le no man's land entre Chili et Argentine. Il faut dire que si ce territoire est si mal entretenu il résulte de conflits incessants entre ces deux pays depuis leurs origines pour définir leur frontière. Ici "le secteur Laguna Desierto ne fût attribué qu'en 1994 à L'Argentine. La route (Carratera Australe) est arrivée au bled  (Villa O' Higgins) qu'en 1999 seulement. Le lac O' Higgins est à 7 Km au sud."  dixit le Petit Futé.

Paul m'a rejoint je peux entreprendre la descente sur le Lago Desierto. A deux nous pourrons nous entraider pour les passages difficiles annoncés. Je ferai peu de commentaires les images parlent d'elles mêmes. A vous d'apprécier. 











 Dans ce marécage je m'étale de tout mon long dans cette gadoue. Le vélo et les sacoches sont maculés de boue, moi aussi.

























Enfin j'aperçois le lago Desierto. Tout au fond dans les nuages l'emblématique Fitz Roy, 

Le Fitz Roy au téléobjectif, je lui trouve un petit air de Cervin.


J'approche du lac.

        





















J'arrive à midi au nord du lac, le poste douanier argentin m'indique les horaires des traversées pour rejoindre la pointe sud du lac : 11 h et 17 h. J'ai tout faux selon mes informations il n'y en avait qu'un à 18 h. Si j'avais eu connaissance de celui de 11 h. je me serai levé plus tôt. Bon c'est ainsi.
 Il est midi l'heure de déjeuner , mais avant passons au grand nettoyage. 
Je me les gèle, le vent est glacial. En descendant je n'ai pas eu le temps d'avoir froid. Quoiqu'il en soit j'entre dans l'eau du lac habillé et chaussé pour me nettoyer jusqu'en haut des cuisses. Après c'est au tour du vélo et des sacoches  d'apprécier l'eau froide du lac. Ils ne rechignent pas. Au vent nous sécherons ensemble en attendant 17 h. 


L'après midi les cyclos rappliquent.

Paul dans le zodiac.


 Traversée dans ce zodiac. Comme il n'a pas pu prendre tout le monde certains
sont restés bivouaquer sur la rive nord.

 De couleur claire le Fitz Roy.

Arrivé à 18 h. au sud du lac Désierto je m'élance vers El Chalten à 40 km. Mais le temps se couvre et après 20 km. de mauvais ripio je bifurque sur le premier camping venu. Peu de clients à ce camping comme il vente et pleut je prépare mon dîner dans la salle de restaurant du camping, il n'y aucun client. 
La nuit sera agitée. A 3 h. du matin la tente s'est couchée, je suis contraint de me lever,  pour replanter des sardines arrachées et retendre les haubans. Le vent est impressionnant, les arceaux   plient dans tous les sens, au point que la toile de la tente vient me caresser le visage. 
Au petit matin voyez ma tente avachie. 

Après le petit déjeuner départ pour El Chalten et quelques belles vues en chemin.



Rio Milo.

Et toujours du ripio!

Rio Milo.

Merci, cela fait plaisir d'être accueilli!

J'arrive à El Chalten à 11 h 30.

Le camping El Relincho en centre ville s'impose. Très vite je monte la tente, entreprends un peu de lessive, avec le vent le linge séchera vite. Chez le loueur de vtt je peux changer ma gaine du câble des plateaux.
El Chalten est un peu le Chamonix de l'Argentine. Inséré dans le Parc national des glaciers, les massifs montagneux autour du Fitz Roy et du Cerro Torre offrent des sentiers de randonnées sublimes. Le Fitz Roy, tient son  nom du capitaine qui gouvernait la flottille de l'expédition Darwin.  Je souhaiterai bien séjourner quelques jours pour randonner mais je manque de documentation et la météo est mauvaise pour les jours à venir. Je décide néanmoins cette après midi d'aller au mirador del Torré. Mais après deux heures de grimpette la pluie et la brume me dissuadent de poursuivre, je rebrousse chemin et décide de poursuivre demain vers El Calafate.


Voici quelques photos de ma randonnée écourtée. 
Rio de la Vueltas qui longe El Chalten vu d'en haut.


El Chalten.

 Cerro Torre.





La cuisine collective au camping El Relincho.

Salle à manger et un peu à tout faire, signe de grande convivialité entre campeurs.


Voilà pour aujourd'hui.
Si ce passage était annoncé difficile je l'ai franchi sans souffrance particulière. Peut-être qu'avec ce qu'on  m'en avait dit je m'attendais à pire. Malgré tout, cela demeure épique et j'en garderai un souvenir original.
Avec un VTT non chargé cela doit être un vrai plaisir, mais voilà les cyclistes qui passent par là sont chargés, c'est ce qui fait le charme de cette entreprise.
A bientôt pour la suite de cette aventure.

Hasta la vista.