mardi 24 mars 2015

Cochrane à Villa O' Higgins (Chili)

Du mardi 3 au samedi 7 février 2015.

Etapes à: Caletta Tortel ; 20 km. après Rio Bravo ; Villa O' Higgins.

303 kilomètres pour environ 24 heures de selle.


Information: Lundi 2 au dîner Paul m'annonce qu'il a retenu une place dans le bus hebdomadaire de jeudi prochain pour atteindre Villa O' Hoggins.



Prenant acte de cette décision je me prépare mentalement à fournir un effort particulier ; rejoindre Caletta Tortel dans la journée soit 120 à 130 kilomètres de ripio. Jusqu'à présent lorsque j'atteignais 60 kilomètres dans une journée avec mes compagnons c'était le maximum. Plusieurs raisons à ce choix :

  • j'ai le sentiment d'avoir perdu du temps depuis le départ de San Carlos de Bariloche et je souhaite pouvoir faire des randonnées pédestres en montagne dans les prochains parcs ou massifs à venir.
  • la Carratera Australe s'achève à Villa O' Higgins où je dois emprunter un bateau pour traverser le lac du même nom. Il y a un bateau les lundis, mercredis et samedis. Donc il faut que j'arrive avant vendredi soir pour embarquer samedi matin. Selon le planning envisagé ce parcours nécessiterait cinq jours, j'essaye de le réaliser en quatre.
  • Caletta Tortel n'est pas sur l'itinéraire, rejoindre ce village typique nécessite de faire un écart sur ripio de 22 km. pour s'y rendre qu'il conviendra de reproduire pour revenir sur la Carratera Australe.
Donc c'est seul que je quitte à 7 h. 30 l'hospedaje "Anna Luz" de Cochrane le mardi 3.


Je me lève tôt sans faire de bruit pour ne réveiller personne. 
La route n'est pas bonne, il fait frais avec une légère brise. En quittant Cochrane la route s'élève progressivement jusqu'à atteindre un col.
Lac en bordure de route.

Je suis bien sur ripio!

Estancia.

Au col échange de prise de photo avec un jeune couple. Au centre on distingue un tronçon de route.
La descente sera périlleuse, d'ailleurs je chute, les deux roues glissent simultanément du même coté, juste une saignement au coude droit, rien de grave. Il convient de redoubler de vigilance. 

Même si il faut observer en permanence la route je ne me lasse pas du spectacle que m'offre ce parcours. Voyez par vous même:

Rio Barrancoso.

Au pays du cheval.

Voilà ma route.

Rio El Paso.

Concentré sur le pilotage à partir de 17 h. je ne prendrai plus de photo pour rejoindre avant la nuit Caletta Tortel.
Comme il n'y a pas beaucoup de véhicules depuis mon départ je compte les véhicules croisés et ceux qui me doublent. J'en compterai 52 pour 10 h 30 de route.


Caletta Tortel.

J'arrive à 19 h. 30 dans ce pittoresque village construit au fond d'un fjord du Pacifique avec 126 km au compteur. 
500 habitants vivent accrochés entre mer et rocher, circulant par des passerelles et escaliers ingénieusement aménagés. 
Selon mon guide Futé : "Un séjour à Tortel est une expérience rare et enivrante. C'est probablement l'un des plus beaux villages du sud chilien. Soyez prévenus: il n'y a pas grand chose à faire, à part s'enivrer de la nature environnante".
Arrivant par le dessus de ce village un immense parking oblige à stationner tous véhicules, y compris bicyclettes. Car la circulation ne peut-être que pédestre.
Comme j'arrive assez tard l'office de tourisme est fermé. D'après d'autres cyclos rencontrés un camping existerait mais inaccessible à vélo et le mieux serait de prendre un lit dans une hospédage au niveau du parking. Mais voilà il n'y a plus de place. J'abandonne mon vélo chargé et m'engage dans les escaliers à la recherche d'un lit. Après avoir descendu quelques 70 à 80 marches je prends chambre au premier accueil, avec cuisine à disposition. A Tortel pas d'épicerie pour s'approvisionner, heureusement j'ai quitté Cochrane avec cinq jours de vivre, il me faut tenir jusqu'à Villa O' Higgins. Après avoir récupéré mes sacoches, solidement accroché mon vélo à un banc et pris une douche, je peux encore profiter d'une bonne lumière pour vous présenter en images ma déambulation entre passerelles et escaliers.




J'ai été surpris par un nombre important de bateaux échoués en déperdition. Ici deux activités essentielles: la pêche et l'exploitation forestière.

A chaque pied d'escalier un panneau indique qu'il convient de s'élever en cas de tsunami,
et pourquoi ne dirions nous pas raz de marée?



A la tombée de la nuit de ma chambre.
Cette fois au lever du soleil.

Dernière photo avant de quitter Tortel, il est 9 heures.


Je reprends en sens inverse les 22 km pour rejoindre la Carratera Australe. Je peux prendre les photos que je n'ai pu prendre hier au soir. Voici dans toute sa majesté le Rio Baker, déjà cité dans l'article précédent, avant qu'il ne se jette dans la Pacifique. 







Estancia sur la rive opposée du Rio Baker.



Maintenant il convient de rejoindre l'embarcadère de Puerto Yungay. Je sais que je n'aurai pas le ferry de 12 h, en conséquence inutile de se fatiguer je peux attaquer tranquillement le col à venir en ripio difficile avec des pourcentages parfois proche de deux chiffres. Qu'à cela ne tienne je pousserai fréquemment mon vélo. Le prochain ferry est à 18 h, l'après midi me permettra un temps de récupération de quatre heures au gentil petit bar installé en bout de route.
Puerto Yungay avec quelque maisons vit au rythme des trois passages du fjord chaque jour. Le ferry assure la continuité de la route qui n'a su se frayer un chemin dans cet environnement montagneux. 

Quelques images jusqu'à Puerto Yungay : 

En route pour gravir le col.


Laguna Caiquenes



Après le col un long plateau avant de descendre sur Puerto Yungay.












Au fond à gauche, le fjord pointe.









Le ferry est déjà là, j'arrive à 13 heures. Une après midi de repos en attendant le départ de 18 heures.


la route s'arrête là. Au fond un petit bar  accueille les passagers en attente de départ. 
Les pâtisseries et enpanadas y sont délicieux, mais tout y est plus cher.


Le couple tenancier du dit bar. 














Si j'étais le premier arrivé à attendre le ferry, dans l'après midi 13 autres cyclistes pointent leur nez.
 Parmi eux je n'en connais qu'un seul :un chilien Carlos rencontré en soirée hier au soir à Tortel.


Malgré tout je crois utile de vous présenter quelques montures. En effet le choix de mon vélo et son chargement ont pu être critiqués et à juste titre par certains cotés, il n'empêche que ceux ci méritent d'être bien observés. A vous d'apprécier.


















.
A 18 h. je quitte Puerto Yungay 
pour débarquer à Rio Bravo.



20 kilomètres après Rio Bravo et juste avant d'affronter un col je décide d'installer mon bivouac auprès d'un rio dont je ne trouverai jamais le nom!


































                                                            Le fameux rio au petit jour.


Bien couvert j'attaque le col.

Lacets dans le col.

La brume du petit matin se lève.

Vue à peine dégagée en haut du col.

Rio Resbalon.

Vous appelez cela une route vous?
 Et pourtant c'est sur ce type de terrain que je rejoindrai ce jour Villa O' Higgins avec 82 km au compteur.

Glacier à quelques encablures.

Estancia.

Cascade en bordure de route.

Arbres morts les pieds dans l'eau.

Idem.

Cascade.

Ce petit rapace m 'a fait l'honneur de poser!


 J'arrive bientôt au bout de la Carratera Australe les estancias se font plus modestes.

Je traverse une belle forêt bien verte.


Je longe pendant quelques kilomètres le Lago Cisnes,  choix de 3 photos :




Le Rio Mayer qui contourne le village deVilla O' Higgins pour alimenter le lac du même nom. Il est 17 h 30.
Villa O' Higgins.
Impossible de continuer plus loin en voiture. Ce village de 500 habitants fut créé en 1966 même si la colonisation débuta vers 1920. Il s'agit pour le Chili de sécuriser la zone. La laguna del Désierto au sud qui marque la frontière ne fut attribuée à l'Argentine qu'en 1994 par un tribunal international. Cette zone comme bien d'autres fit l'objet de frictions incessantes entre Chili et Argentine depuis la création des deux états au XIX éme siècle. La Carratera Australe, administrativement route nationale 7, est arrivée à Villa O' Higgins en 1999. Vues les photos on peut imaginer l'extrême isolement dans lequel les habitants de ces contrées se trouvaient avant cette date.

Entrée dans Villa O' Higgins.

Ma tente au camping El Mosco en centre ville.

Villa O' Higgins est entouré de montagnes.

La plaza.

Habitation modeste avec parabole.

La mairie.


Mauvaise nouvelle.
Bien qu'arrivé le jeudi soir au lieu du vendredi comme prévu, l'agence "Robinson Crusoé" m'informe que le bateau de samedi est annulé pour cause de mauvais temps. En conséquence le passage de lundi est complet et il convient de se pré-inscrire pour mercredi prochain. 
J'avais lu avant de partir qu'un certain Lorenzo pouvait organiser des passages sur son bateau en parallèle. Nous sommes déjà de nombreux cyclistes et autres routards à s'interroger sur cette attente et de rechercher ce fameux Lorenzo. Par l'intermédiaire des propriétaires du camping nous obtenons les coordonnées de ce passeur.
Quiquen, un cyclo espagnol parti il y a dix huit mois d'Alaska, se fera le négociateur avec Lorenzo. Ainsi on apprend que Lorenzo annule un voyage prévu le samedi après midi qu'il reporte au dimanche matin, par contre il propose que si il y a au moins vingt passagers, d'effectuer un second  passage le dimanche après midi. Cela me parait juste car il faut trois heures pour traverser le lac O' Higgins. Les vingt passagers nous les avons sans difficulté. Rendez vous est fixé le dimanche 8 février à 14 heures à l'embarcadère de Puerto Bahamondez à 8 km au sud de Villa O'Higgins.
 Aujourd'hui comme d'autres compagnons retenus je ne crois guère au motif de mauvais temps. Pas de pluie, pas de vent pendant cette longue attente. Alors quel serait le vrai motif pour annuler les deux passages bateaux du samedi?
La réponse parait simple. Cette fin de semaine a lieu "la remembranzas de la colonizaçion libre del Rio Mayer", en retenant quelques dizaines de touristes les organisateurs de cette manifestation augmenteront sensiblement le nombre de participants. 
Effectivement j'assisterai à cette commémoration de la colonisation libre du Rio Mayer. Bien qu'imprévue cette manifestation me permet d'approcher des personnes que je ne croise pas sur la route, de découvrir un mode de vie, des pratiques sociales et de découvrir combien la vie fut rude et l'est encore pour ces éleveurs et agriculteurs vivants très loin des villes. Voici des photos.



Vendredi soirée inaugurale sur la plaza, face à la mairie.



Famille  en costume traditionnel. 
Beaucoup de personnes sont venues de loin en bus ou autres moyens de transport pour ce week end. 

















                             Deux jeunes gens en attendant la danse.
















                                                                                                         Qui vais-je inviter à danser?






 Défilé de cavaliers devant la mairie.










Ce jeune conduit son cheval avec dextérité
Enfin on peut danser!

Samedi 7 février rendez-vous au corral et autour.

Comme dans d'autres éco-musées que j'ai pu approcher, notamment à Bahia Murta, les colons sont très attachés aux ustensiles et anciens outils utilisés par leurs aînés dans le passé.


Traite d'une vache
On arrive à cheval




En attendant la tonte.



Démonstration de tonte terminée.



Ferrage d'un cheval 

Reconstitution avec ces jeunes cavaliers d'une scène montrant l'arrivée des premiers colons.



Dans le corral démonstration de l'usage du lasso pour attraper les chevaux sauvages. 




 Seulement voilà ce geste parait cruel en ce lieu. Tout d'abord les gauchos et les chiens affolent le cheval qui cherche à fuir. Mais dans l'enclos impossible.
Les chevaux sont attrapés par les pattes et inévitablement ils culbutent en cabrioles de manière brutale.
Les autochtones se réjouissent de ce spectacle, les touristes s'inquiètent  du sort réservé aux bêtes.
Apparemment il n'y a pas eu de blessures et je ne pense pas que ces professionnels du cheval soient enclins à martyriser par plaisir. Ils cherchent à  montrer une pratique ancestrale. 
Monter à cru un cheval n'est-il pas plu plaisant?

Il y avait aussi des stands de restauration avec barbecue, bières artisanales. Pour ma part j'ai goûté à une boisson locale composée d'un jus d'abricot immergeant des grains de blés soufflés et un abricot confit. 

Voici pour cette  manifestation à laquelle je ne  regrette pas d'avoir assisté. Cependant à aucun moment il n'est fait allusion à une civilisation indigène qui aurait pu habiter ici avant l'arrivée des colons. Qu'en est-il?

J'ai certainement été trop long pour cet article, je vous retrouve la prochaine fois pour vous présenter le parcours le plus difficile de cette aventure au dire des cyclos!

Hasta la vista.